Vous êtes peut-être déjà au courant, mais Facebook et la marque Ray-Ban ont lancé le jeudi 9 septembre 2021 une paire de lunettes connectées. Et peu importe le niveau de réticence ou de désintérêt potentiel de chacun, il s’agit d’un réel petit événement. Tout d’abord, parce qu’il s’agit du rapprochement entre deux géants : d’un côté Facebook, premier réseau social dans le monde, et Ray-Ban, probablement le lunetier le plus vendu au monde. Ces lunettes proposeront à tout un chacun de prendre des photos, des vidéos, de les partager sur Facebook et Instagram, mais également d’écouter de la musique, des podcasts ou encore de recevoir des appels.
Ensemble, les deux marques s’apprêtent à offrir au monde entier les Ray-Ban Stories, que l’on pourrait tout aussi bien appeler entre nous les Facebook Glasses. Et si la paire de verres prend bien le nom de Ray-Ban Stories, ce n’est pas anodin. Non seulement, elles permettent de crédibiliser les verres « Ray-Ban, c’est de la bonne qualité, on connaît », et en plus, la marque de lunettes a une relativement bonne notoriété dans le monde. Là où le groupe Facebook a parfois plus de difficulté à se faire apprécier. Vous l’aurez donc compris, le choix du nom était donc inévitable même. Pourtant, malgré cette pirouette marketing, il s’agit tout de même d’un sacré challenge pour les deux mastodontes.
Un pari pour le moins risqué
Ray-Ban prend-il un gros risque en s’associant à Facebook ? Pas vraiment. Soit le partenariat réussira à booster ses ventes, soit l’on taclera Facebook des maux du produit. Après tout, Ray-Ban se concentre sur la monture et la qualité des verres. A priori, rien qui ne sorte vraiment de leur domaine de compétences. Dans ce cas, Facebook prend-il – de son côté – un risque ? Assurément. Et pour deux raisons :
Tout d’abord, parce que Facebook n’est pas le seul à s’essayer aux lunettes connectées. Rappelons qu’un autre géant du web avait tenté l’expérience, j’ai nommé Google, avec les Google Glasses. Suspendues de la vente au grand public en janvier 2015 à cause d’un manque d’applications et d’un prix trop élevé (on parle d’environ 1.200 euros pour les premiers modèles), les Googles Glasses sont toujours proposées à quelques professionnels dont les entreprises sont en partenariat avec Google. Toutefois, côté grand public, c’est un échec.
Dans la même veine, nous pourrions également rappeler qu’un autre réseau social avait tenté le lancement de ses propres lunettes avec les Snapchat Spectacles, réel échec commercial en son temps. Aujourd’hui, les Spectacles en sont à leur troisième modèle et offrent un système d’enregistrement 3D pour le moins intéressant mais encore trop relié à son réseau social d’origine. À moins d’être un fan absolu du réseau social au fantôme jaune, difficile d’être tenté par la paire de lunettes.
Enfin, notons que le pari de lancer des lunettes signées Facebook représente également un risque juridique important. En effet, derrière une paire de verres capables d’enregistrer n’importe quel instant du quotidien se pose évidemment la question de la vie privée… Question avec laquelle Facebook est totalement à l’aise, on le sait bien.
La suite logique pour Facebook
Pour autant, quand on prend du recul et que l’on regarde la stratégie dans laquelle le groupe s’est engagé, il s’agit pour Facebook d’une suite logique.
J’en parlais dans un précédent billet, Facebook mise sur trois piliers : le partage, le jeu et la Réalité Virtuelle. En témoignent les rachats de société VR comme Oculus VR ou encore Beat Games, le studio à l’origine du jeu vidéo VR le plus vendu au monde, Beat Saber.
De plus, Facebook et son outil Facebook Horizon (anciennement Facebook Spaces) attendent toujours leur moment de gloire. Facebook croit à la rencontre entre le réel et le virtuel. Ce que Facebook a dans un premier temps réussi dans un univers entièrement virtuel – à savoir relier les individus entre eux – il veut le recréer dans le réel grâce à la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Pour cela, tous les moyens sont bons et Facebook va jusqu’à s’approprier chaque phénomène de société. Pour exemple, Mark Zuckerberg vient d’annoncer la sortie de Horizon Workrooms, offrant aux télétravailleurs des salles de réunions complètes, entièrement en réalité virtuelle.
Sauf que l’avènement de la VR risque de prendre encore quelques années. Tout d’abord parce que porter un casque n’est pas au goût de tout le monde, ensuite parce qu’il persiste encore quelques soucis de motion sickness (le phénomène de nausée liée au mouvement), et enfin un prix élevé.
Mais alors quelle solution trouver pour amener les utilisateurs Facebook vers la Réalité Virtuelle ? Leur proposer des lunettes à mi-chemin entre la réalité et la réalité virtuelle – qu’ils achèteraient de toute façon car « il faut bien des lunettes de soleil » ?
Si les Ray Ban Stories ne permettent pas encore de visualiser des images en réalité augmentée, elles permettent tout de même de mieux intégrer le virtuel dans le quotidien. Selon moi, il ne s’agit ici que d’un premier pas pour attirer les socionautes vers la VR.
Vous l’aurez donc compris, l’idée de sortir une paire de lunettes connectée n’est ni nouvelle, ni le fruit du hasard, mais rentre bien de façon logique dans la stratégie long terme du groupe Facebook de nous amener doucement, mais surement vers la réalité augmentée, puis la réalité virtuelle. Reste à savoir si ce désir est partagé de tous.
Article rédigé par Hadrien Jacobée Boisbouvier
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